Télépuce

L'histoire de TéléPuce

L’histoire de TéléPuce commence bien plus tôt que son premier numéro paru en décembre 1989.

Gérard Pons, sa compagne Martine Gracias et moi étions déjà amis depuis 1982 et avions déjà créé ensemble des sociétés d’informatique dont la dernière dans le domaine de la carte à puce. Nous sommes devenus des collectionneurs acharnés dès l’apparition des premières cartes illustrées en 1987.

1984 Vence
Martine Gracias, Gérard Pons et Michel Mercier (1985)

A cette époque, il y avait encore peu d’amateurs de télécartes. Je prenais souvent ma voiture le soir à partir de 21h pour faire le tour des cabines.

J’ai encore dans le nez cette odeur si caractéristique lorsqu’on ouvrait la porte de la cabine téléphonique. Il n’y avait pas de poubelle à l’intérieur, les utilisateurs des cabines conservaient rarement les cartes utilisées et les empilaient souvent sur la tablette qui servait à prendre des notes ou à poser ses affaires lors d’un appel.

Quel plaisir de trouver une centaine de cartes qui contenait parfois des trésors !

C’est difficilement imaginable pour les nouvelles générations qui ne connaissent que les portables avec forfait illimité, mais dans les années 80, les communications téléphoniques coûtaient cher et la tarification dépendait de leur durée. Les plus gros utilisateurs étaient ceux qui avaient de la famille en Afrique du Nord. Ils pouvaient utiliser une carte ou deux dans la soirée. Certains ont vite compris l’intérêt de monnayer les cartes vides quelques centimes.

Un véritable marché de la collection a commencé ensuite à se développer assez rapidement.

A Paris, au « Carré Marigny », les télécartistes avaient fait sécession avec les marchands traditionnels de timbres et squattaient les bancs, à l’angle de l’avenue Matignon et de la rue de Ponthieu.

Nous y allions régulièrement et c’était une source d’approvisionnement pour les cartes peu courantes, notamment les cartes privées tirées à 1000 exemplaires réellement éditées pour faire de la publicité en les offrant à des VIP ou à des clients privilégiés.

Dans les aéroports, certains « ramasseurs » guettaient les businessmen qui avaient des belles cartes et leur échangeaient leur carte usagée « pour la collection » contre une carte neuve, mais revendaient évidemment ensuite celle-ci à bon prix.

HPF - LADY

Nous faisions alors les bourses aux collections, les brocantes et nous achetions des cartes par centaines aux « ramasseurs » car globalement les cartes publiques avaient peu de valeur.

Régie T, qui avait le monopole de la publicité sur les télécartes, ne voulait pas entendre parler des collectionneurs et ne donnait aucun renseignement. L’information était le nerf de la guerre lorsque la spéculation a commencé sur les télécartes privées. C’est ce qui permettait de distinguer les « vraies cartes privées » des cartes fabriquées en tout ou partie pour les collectionneurs.

Du fait de notre ancienneté dans la collection et de nos voyages fréquents à Paris, nous pouvions disposer de beaucoup d’informations.

En novembre 1989, nous avions prévu d’aller faire la bourse aux télécartes de Lisle-sur-Tarn qui a été la première bourse dédiée aux télécartes. 

Sur une boutade, je lance à Gérard et Martine : « Si nous faisions un journal sur la collection de télécartes ». La réponse de mes deux complices a évidemment été « Chiche ! » sans avoir aucune idée d’où ça nous mènerait…

Je crée alors quelques jours avant la bourse un « bulletin d’abonnement » que nous avons distribué à Lisle sur Tarn. En moins d’une semaine, le bulletin avait circulé, le bouche à oreille avait fonctionné bien au-delà de Lisle-sur-Tarn et nous avions reçu 300 chèques d’abonnements pour 3 numéros.

TéléPuce était né ! Il fallait alors nous mettre au travail pour concevoir les numéros.

Comme nous aimions faire les choses dans les règles, j’ai créé une SARL et le journal est devenu un vrai mensuel avec un numéro ISSN, un dépôt légal à parution et toutes les formalités légales et fiscales qui allaient avec…

TéléPuce n’a pas été créé pour rapporter de l’argent mais vraiment comme un hobby de passionnés. 

Martine et moi rédigions les articles et Gérard allait à la pèche aux informations.

Les 9 premiers numéros ont été réalisés à partir d’un document mis en page avec le logiciel Quark XPress (sur Macintosh), avec des cartes apposées sur la maquette avant la 1ère photocopie.

Le document complet était ensuite reproduit dans un copy-shop et commençait alors la soirée « pliage-agrafage » qui n’était pas une sinécure puis la mise en enveloppe pour expédition à nos chers abonnés.

A partir du n°10, nous avions assez d’abonnés pour envisager de faire appel à un imprimeur professionnel.

La couverture en couleur a été du luxe pour nous. Pour avoir un coût de production raisonnable et pour que nous puissions être à l’équilibre financier, l’imprimeur avait tiré un grand nombre de couvertures et ajoutait ensuite pour chaque numéro le cartouche du mois et imprimait ensuite le verso de la couverture couleur.

Nous étions vraiment heureux du résultat et nous n’avions plus d’ampoules aux mains à force de plier des photocopies qui devenaient de plus en plus épaisses vu que le magazine gagnait des pages.

Martine Gracias (1991)

Nous avons ainsi conçu et édité 24 numéros et deux hors-séries, de décembre 1989 à janvier 1992. Une télécarte privée (tirage 1000) et une cinécarte Pathé ont été éditées pour les abonnés.

Nous avons tenu un stand à la Foire de Paris en 1991 et fait un très grand nombre d’autres salons pendant ces années…

Stand Télépuce - Foire de Paris (1991)

Fin 1991, nous faisions le constat que le magazine nous demandait de plus en plus de temps et ne pouvait être rentable en l’état car le nombre d’abonnés avait atteint un plateau à 3500, en même temps que la collection connaissait une spéculation effrénée et devenait moins « amateur »…

Nous avons ensuite réfléchi à sortir de la diffusion par abonnement pour vendre TéléPuce en kiosque, mais les conditions imposées par les diffuseurs de presse (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne et Messageries Lyonnaises de Presse) étaient épouvantables. Il fallait imprimer environ 40 à 50000 exemplaires pour avoir une diffusion à peine correcte, avec un prélèvement de 50% du prix de vente, une taxe de retour de 40% sur les invendus et un décalage de paiement des revenus de la diffusion de 6 mois.

Nous avons alors estimé que cette nouvelle aventure engendrait trop de risques financiers et nous avons décidé d’arrêter TéléPuce en proposant un remboursement aux abonnés en cash ou en timbres.

Certains ont pris le relais et se sont lancés ensuite dans la diffusion en kiosque… mais c’est une autre histoire.

Je serai d’ailleurs ravi de leur consacrer une page s’ils nous lisent. Ayant revu Jean-Luc Gosse (Infopuce et surtout Phonecote) il y a peu, je lui ai proposé de raconter les histoires de Phonecote et d’Infopuce que je mettrai bien volontiers en ligne.

Gérard Pons et Michel Mercier (2025)

Il était peu probable que je revienne un jour vers le passé et la télécarte, mais c’est finalement le cas et c’est très amusant.

Martine nous a quitté trop tôt, en mai 2012, victime d’une maladie fulgurante.

Je suis toujours resté en contact avec Gérard qui coule une retraite heureuse dans le sud de la France.

Nous nous sommes revus cet été 2025 dans le Var et avons pu nous remémorer, non seulement ce que nous avions fait avec TéléPuce, mais aussi la richesse de nos autres aventures professionnelles communes.

Une rubrique du forum est consacrée aux anecdotes… Nous l’alimenterons peut-être pour illustrer certains épisodes croustillants que nous avons pu vivre avec TéléPuce. Certains d’entre vous auront aussi sans aucun doute des petites histoires du passé ou du présent en rapport avec la collection à raconter.

Michel Mercier

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